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PSA LES ROUES DE L'INFORTUNE
7 décembre 2013

Livre. PSA la Janais ou Les Roues de l'infortune

 

Dans ce livre, le journaliste Pierrick Baudais et le juriste François Macquaire expliquent le « déclin inéluctable » de l'usine. Et les témoignages de salariés, pris dans la nasse d'un énième plan social.

 

L'usine automobile de la Janais est passée en une décennie de 12 000 à 4 000 salariés. « 8 000 emplois perdus, c'est l'équivalent d'une ville comme Guingamp ! », explique Pierrick Baudais. Comment expliquer cette hémorragie ? Comment faire comprendre, aussi, la manière dont ceux qui en font les frais la vivent ?

 

C'est l'objet du livre écrit à quatre mains par le journaliste deOuest-France, qui a longtemps suivi l'actualité économique et sociale à Rennes et François Macquaire, juriste à la CFTC.

Fatalisme

L'idée de cet ouvrage est née à la suite de l'annonce d'un nouveau plan social, en juillet 2012. Un nouveau coup de massue, pour les employés de PSA, qui une fois de plus courbent l'échine.

« La Janais n'est pas Aulnay, où la culture syndicale est beaucoup plus forte. Ici, dans une usine qui enquille les plans sociaux depuis des années, il y a une forme de fatalisme qui perdure. Peut-être l'héritage des ouvriers paysans. » Cette époque où, pour les gens de la terre, l'embauche chez Citroën, « une usine qui payait mieux que les autres », ressemblait à une aubaine. En ce temps-là, des dizaines de bus (ils existent encore, mais beaucoup moins) assuraient le « ramassage » des ouvriers de Citroën à 100 km à la ronde. Les 3 x 8 permettaient parfois de faire deux journées en une, au champ et à la chaîne.

Mais finalement, on se rend compte que cette usine de la Janais n'a jamais été « en capacité de produire à plein régime », note Pierrick Baudais. « En spécialisant le site sur des véhicules haut de gamme et moyenne gamme, où les volumes de production sont moindres, le constructeur n'a pas donné les meilleures garanties d'avenir à la Janais. » Avec ce nouveau plan social portant sur 1 400 suppressions d'emplois, l'inquiétude est montée d'un cran.

La fermeture ?

À terme, il ne restera que 4 000 salariés dans les ateliers. Les ouvriers savent compter et comparer l'effectif aux volumes de production annoncés, trop faibles pour occuper tout le monde. Beaucoup s'attendent à vivre encore du chômage partiel l'an prochain, peut-être un nouveau plan social ou pire encore. « À 4 000 salariés, on n'est pas loin des 3 000 d'Aulnay », un seuil qui lui a été fatal. « Le scénario de la fermeture est dans toutes les têtes, le Codespar (1) avait d'ailleurs levé ce tabou dès 2007, en traçant plusieurs scénarios, dont celui-ci. »

Les Roues de l'infortune livre aussi les témoignages de six salariés de la Janais. Ils disent l'ambiance qui s'est tendue dans les ateliers, où l'on se compte pour savoir qui pourrait partir en premier, où l'on « hésite à pousser la porte de la cellule de reclassement pour ne pas laisser croire qu'on est candidat au départ ». Une salariée partie pour Aulnay est finalement revenue à la Janais. Un ouvrier avoue qu'il en a « plein le dos », au sens propre comme au sens figuré. Un autre encore témoigne de sa reconversion comme pizzaïolo ambulant. Il a ouvert depuis son restaurant.


(1) Conseil de développement économique et social du Pays et de l'agglomération de Rennes.

 

Les Roues de l'infortune, par Pierrick Baudais et François Macquaire (photos Richard Volante).160 pages, 14,90 €. Aux Editions de Juillet (sortie le 22 novembre).

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  • Fleuron de l’industrie bretonne, construite au début des années 60, l’usine PSA - La Janais, en banlieue rennaise, connaît depuis une dizaine d’années un déclin inéluctable dans un contexte mondial défavorable à l’industrie automobile européenne.
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