Recapitalisation de PSA : les actionnaires minoritaires s'inquiètent
Les noces du groupe français PSA Peugeot Citroën et du chinois Dongfeng,annoncées fin janvier, ont du plomb dans l'aile. Après les réserves exprimées par Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance de PSA, c'est au tour de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM) de proposer une alternative à l'arrivée de Dongfeng et de l'Etat français dans le capital du constructeur automobile, rapportent mardi 4 février Les Echos.
L'ADAM propose la recapitalisation du groupe par les banques sans l'intervention du groupe chinois et de l'Etat français, estimant qu'« une telle solution éviterait tous les inconvénients de l'autre, tout en étant parfaitement compatible avec le développement nécessaire des relations avec le constructeur chinois ».
Dans le cadre d'une augmentation de capital de PSA de 3 milliards d'euros, ces deux nouveaux actionnaires devraient prendre chacun 14 % du capital, à la même hauteur que la famille Peugeot, qui était jusqu'à présent l'actionnaire de référence.
LE SCHÉMA CAPITALISTIQUE MIS EN DOUTE
La présidente de l'ADAM Colette Neuville a ainsi adressé, lundi, un courrier à Thierry Peugeot, estimant qu'il y aurait « tout lieu de s'interroger sur le bien-fondé du schéma capitalistique envisagé, qui donnerait le pouvoir [...] à trois actionnaires en possible désaccord sur les mesures à prendre, au risque de paralyser la société et de la rendre ingouvernable à un moment décisif de son histoire ».
Selon elle, si les trois actionnaires sont d'accord sur « les mesures à prendredurant la période cruciale où il s'agit de mettre en œuvre une stratégie capable deredresser la société », ils devraient être considérés comme agissant de concert et donc être contraints de lancer une offre publique d'achat (OPA) puisque détenteurs de plus de 30 % du capital et des droits de vote.
ÉCART POSSIBLE DE TRAITEMENT ENTRE ACTIONNAIRES
Autre point d'inquiétude : l'écart de traitement entre actionnaires étant donné la« forte décote » prévue pour les actions nouvelles destinées à l'Etat français et à Dongfeng. Mme Neuville a ainsi appelé à la mise en place préalable de« mécanismes compensant intégralement la décote » avec des caractéristiques convaincantes pour les actionnaires « et pas seulement l'expert indépendant appelé à attester de l'équité de l'opération ».
Son intention est, en effet, de sensibiliser les actionnaires actuels du constructeur français – qui détiennent 75 % du capital et 62 % des droits de vote – « qu'ils ont un vrai pouvoir de faire évoluer le schéma et qu'ils ne sont pas obligés de subir », a-t-elle souligné.